lundi 9 juillet 2012

Scrutin proportionnel et régions*

La carte électorale de 1989
Source : Le Directeur général des élections du Québec

D'ici avril 2008, l'électorat québécois sera appelé aux urnes. Bien que le mode de scrutin actuel favorise le maintien du bipartisme à l'Assemblée nationale, au moins quatre formations politiques affirment leur volonté d'être présentes sur l'ensemble du territoire. Elles permettent à l'électeur de se positionner non seulement sur la question nationale, mais entre les programmes de droite et de gauche. En ce sens, elles font du Québec une société démocratique occidentale «normale». Une nation traversée de plusieurs tendances parfois consensuelles, mais assez souvent contradictoires.

Si l'offre électorale varie aussi en fonction du marché politique, le pluralisme idéologique est particulièrement souhaitable pour les régions périphériques. Lors des élections générales du 25 septembre 1989, il n'y avait en moyenne que 2,9 candidats par circonscription au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et aux Îles-de-la-Madeleine comparativement à 6,77 sur l'île de Montréal.

Face au Parti libéral et au Parti québécois, les tiers partis brillaient par leur absence dans près de la moitié des circonscriptions de l'Est. Le taux de participation y est aussi continuellement inférieur à la moyenne québécoise. Dans une stratégie visant à attirer de nouvelles populations de diverses origines en région, faire preuve d'ouverture d'esprit et de leadership est une nécessité. En politique, comme en d'autres domaines, le rattrapage demandé à l'Est du Québec est d'envergure historique.

Il y a en région de ces traditions canadiennes-françaises qui ne devraient plus exister. Nous ne sommes plus aux siècles passés lorsque certains bien-pensants redoutaient que la démocratie n'ébranle la cohésion nationale et que le pouvoir en place considérait les zones éloignées comme un simple réservoir de matières premières et de travailleurs. Des luttes ont été menées afin d'étendre le droit de suffrage à la quasi-totalité de la population adulte.

Chaque citoyen, tout en continuant de s'identifier à un territoire donné, est en droit d'exiger que sa voix compte. L'idéal démocratique postule l'égalité de tous devant la loi. Il faut tendre à diminuer le nombre de «voix perdantes» ou, en d'autres termes, augmenter l'«utilité du vote». Or, le mécanisme électoral en vigueur n'a de yeux que pour les majorités bien concentrées. Parlez-en aux dirigeants de l'Action démocratique et de Québec solidaire qui revendiquent légitimement l'instauration de le représentation proportionnelle! Selon moi, il est dans l'intérêt de tous les Québécois que l'on introduise au plus vite certains éléments de proportionnalité tout en respectant les cultures régionales.

Article paru dans Cyberpresse (Le Soleil), Opinions, mardi 30 janvier 2007.

Addenda:

(*) La réforme de nos institutions démocratiques me semble aujourd'hui plus complexe qu'à l'époque. Elle exige un consensus et pourrait bien se révéler superficielle ou, pire encore, impolitique. Voir Joseph Yvon Thériault, «Politique et démocratie - Quand le remède pourrait tuer le patient», Le Devoir, 10 décembre 2011 [En ligne] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/338070/politique-et-democratie-quand-le-remede-pourrait-tuer-le-patient (Page consultée le 29 août 2015).

Selon le politologue Christian Dufour, la proportionnelle pourrait même fragiliser le «pouvoir québécois».


Christian Dufour, Le pouvoir québécois menacé. NON à la proportionnelle!, [s. l.], Éditeurs réunis, 2019, 170 p. ISBN: 9782897833183.

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