jeudi 1 janvier 2015

Comment Jean-François Fortin, chef autoproclamé de Forces et Démocratie, s'est monté un beau grand bateau en période d'austérité

Majesté, le peuple n'a plus de pain!
Qu'il mange de la brioche!

MARIE-ANTOINETTE, CITATION APOCRYPHE


L'exemple espagnol

Juan Carlos a annoncé sa décision d'abdiquer de la couronne d'Espagne le 2 juin dernier. L'homme de 76 ans avait accédé au trône 39 ans plus tôt. Artisan de la transition démocratique après la dictature franquiste, la fin de son règne aura cependant été marquée par une multiplication d'affaires touchant la famille royale. La popularité du monarque chuta rapidement (Le Monde.fr avec AFP et Reuters, 2 juin 2014).

Juan Carlos vivait à l'abri des regards indiscrets de la presse. C'était avant qu'il ne se fracture en avril 2012 la hanche droite lors d'une partie de chasse à l'éléphant au Botswana, autorisée à condition de payer autour de 30 000 euros. Une photographie de ce Bourbon posant en 2006, fusil à la main, devant un éléphant mort a été publiée en une de plusieurs quotidiens espagnols (Le Monde.fr avec AFP, 16 avril 2012).

«[L]e cliché a de quoi ternir l'image d'un roi apprécié des Espagnols pour avoir aidé à établir la transition démocratique, mais aussi pour ses manières simples (Ibid.)». L'Espagne connaît un taux de chômage record (26%, plus de 50% chez les jeunes). La sécurité sociale manque. Le gouvernement espagnol vient de présenter un budget d'une rigueur sans précédent. Le safari du monarque offre donc «une image d'indifférence et de frivolité [qu'un] chef d'État ne devrait jamais donner (El Mundo, cité par Ibid.)».

La photo du roi Juan Carlos chassant en 2006,
publiée par les sites des quotidiens El Pais et El Mundo.


Double discours d'un Juan Carlos canadien

Le gouvernement de Stephen Harper a modifié récemment le régime d'assurance-emploi, notamment la définition de ce qui constitue un «emploi convenable» et une «recherche d'emploi raisonnable». Jean-François Fortin dispute depuis lors le suffrage des électeurs-chômeurs à l'Opposition officielle néo-démocrate. Le député à Ottawa se rend aux manifestations le poing levé. La communauté de Sainte-Anne-des-Monts put s'enorgueillir d'avoir en son église cet homme du peuple!

Jean-François Fortin en spectacle (Photo: Dominique Fortier, Le Riverain, 26 janvier 2013)

Oui, mais voilà que la vraie nature de Jean-François Fortin revient au galop. La chefferie du Bloc québécois lui fut refusée à deux occasions: officiellement en 2011 et officieusement en 2014. Celui qui prônait la participation citoyenne finit par ne plus digérer le choix des militants. Sur un déni de démocratie, il entreprit de diviser ses compatriotes. Il allait claquer la porte du Bloc avec fracas et s'autoproclamer chef de... Forces et Démocratie!

Monsieur Fortin espérait surtout «forcer» sa présence aux débats télévisés des chefs. Il travailla pour sa visibilité. L'indépendance ne fut jamais pour lui autre chose que le marchepied de ses ambitions personnelles (L'Information, 20 août 2014, page 6). Il courtise encore les souverainistes comme il pompa naguère l'argent du Bloc: 82 536,78$ en un mois pour se faire élire député en mai 2011 (Source: Élections Canada). Voyons un peu, au-delà de ses slogans, comment il nous «mène en bateau».

Saviez-vous que le journaliste Dominique Fortier de l'hebdomadaire Le Riverain a publié sur son site Internet le 9 septembre 2013 «Une autre facette de Jean-François Fortin»? Pour souligner son quarantième anniversaire, l'ex-bloquiste et nouveau leader charismatique d'une «patente à gosses» nommée Forces et Démocratie fit étalage... de son voilier de plaisance! Il nous raconte en moult détails comment une partie de son salaire de 160 000$ servit à acheter, puis à modifier son joujou flottant. Ce train de vie s'exhibait dans une des régions les plus affectées par la réforme de l'assurance-emploi. Selon l'Institut de la statistique du Québec, le revenu médian des travailleurs de 25 à 64 ans s'établit en 2012 à 29 680$ en Haute-Gaspésie. Êtes-vous étonnés d'apprendre maintenant qu'il est l'un de ceux au Bloc qui s'opposèrent le plus farouchement à une certaine solidarité financière? Il rejeta l'obligation de verser 50 000$ par année dans un «pot commun» dédié à l'émancipation nationale (L'actualité, 16 juin 2014).

Après avoir rompu avec sa famille politique, il se vanta d'avoir été «approché par tous les partis [fédéralistes]», conservateurs inclus (L'Information, 20 août 2014, page 6). Nous doutons sérieusement que l'ennemi d'hier, le «vilain Harper», se soit laissé aller à solliciter pareil politicien à voile et à vapeur!

Le souverainiste d'opérette se fit à l'occasion distributeur local de la reine Elizabeth II. Ah! les fameuses médailles du jubilé de diamant (L'Avantage, 24 juillet 2013, page 36)! «Indépendance, si tu m'as vu dans les bras de monarchie, c'est parce que j'ai trop d'amour. Ouvre ton esprit. Butine à ton tour. Tu verras comme le monde est mielleux!»

Ces hommes élevés en «derniers remparts de la démocratie»...
«Le chômage des jeunes m'empêche de dormir», disait Juan Carlos [...] «Cette affirmation n'est pas compatible avec la chasse à l'éléphant», rétorque le journal El Mundo dans un long éditorial (Le Figaro, 16 avril 2012).

Juan Carlos 1er de Bourbon avec son fusil et son éléphant comme Jean-François Fortin de Sainte-Flavie avec son beau grand bateau font désordre en période d'austérité. Les psychanalystes ont dans ces turpitudes matière à disserter. Symboles phalliques par excellence...

Nous n'avons pas voté pour ça.

Photo: Site Internet du journal Le Riverain, 9 septembre 2013
et La Voix gaspésienne, 18 septembre 2013, page 7.
L'essentiel de ce portrait de moeurs fut publié sur le site Internet du journal L'Information de Mont-Joli  le 5 janvier 2015.

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